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5 juillet 2010 1 05 /07 /juillet /2010 15:09

 

 C'est presque fini...encore 3 pages et vous pourrez lire le mot FIN...

 

 

 

«  Mon mari veut faire exécuter ce jeune homme innocent ? Pourquoi ?

Sa seule faute est d’être tombé amoureux de notre chère Aimée et de vouloir la rendre heureuse. C’est cet affreux Duc qui lui embrouille l’esprit et le pousse à être aussi intransigeant.

Je n’avais jamais vu Aimée si joyeuse, si rayonnante.

Que m’importe qui est ce jeune homme ? Il a le pouvoir de la rendre heureuse et je dois tout faire pour le sauver.

Sans l’intervention magique de sa grand-mère, jamais ma délicieuse fille n’aurait vu le jour. Elle m’a sauvé la vie en m’offrant la possibilité d’être mère, je peux enfin lui rendre la pareille en protégeant son petit fils. »

Comme toute femme de Bigirs ou d’ailleurs, une fois sa décision prise, elle passa aussitôt à l’action. Elle fila rejoindre sa fille dans sa chambre, lui raconta tout et ensemble, elles discutèrent pour échafauder un plan susceptible de sauver le prince Mime.

Malheureusement, le vil Iropèn était revenu de sa visite aux cachots et se livrait à son occupation favorite : l’espionnage.

Caché derrière la porte de la chambre, il entendit tout de la discussion des deux femmes et se fit une joie de déjouer leur plan en annonçant le complot au roi.

Celui-ci, fou de colère d’avoir été trahi, les arrêta avant qu’elles aient pu quitter le château et ordonna que le prisonnier fût amené et exécuté sur le champ.

Sourd aux supplications et aux larmes de son épouse et de sa fille bien aimées, il fit emmener le jeune prince abattu sur la grande place de la ville.

Il fit mander le bourreau, armé de son immense hache, et ordonna aux Héraults royaux de sonner les trompettes pour avertir la population de Bigirs.

Aveuglé par la colère que l’infâme Iropèn avait attisée, le roi ne prêta aucune attention aux pleurs des femmes et à la tristesse du prince Mime.

Par petits groupes, les Bigirssiens affluaient de toutes parts, prêts à la curée.

Comme il d’usage de faire dans tous les royaumes connus, le roi permit au jeune homme d’exposer son dernier souhait.

Le jeune prince regarda sa douce Aimée, la foule rassemblée puis demanda humblement :

- Sire, mon plus cher désir était d’épouser votre chère fille. Comme ce vœu ne se réalisera jamais, je vous supplie de me laisser lui adresser quelques mots. »

Le ton douloureux et la mine franche du jeune prince réussit à toucher le cœur du roi et il lui donna son accord d’un bref hochement de tête.

Mime se tourna vers l’amour de sa vie et déclara dans un souffle :

- Ma douce princesse, ce jour est mon dernier mais je le bénis car il m’a permis de vous connaître et de vous avouer mes tendres sentiments. »

Tout en parlant, ses mains dessinaient de sensuelles arabesques, son visage exprimait les émotions des mots qu’il employait.

Le plus naturellement du monde, sa langue maternelle, l’èlèssèf, rehaussait la beauté des mots bigirssiens qui coulaient de sa bouche.

Il bomba le torse, parcourut la foule de son regard doux mais fier et continua :

- Je suis le Prince Mime, fils du Roi Signe, petit-fils de la Reine Dèf, l’ancienne souveraine de votre beau pays. »

A l’énoncé de ce prénom interdit depuis si longtemps, plusieurs protestations jaillirent de bouches pincées de colère.

«- Depuis trop longtemps, les Bigirssiens et les Nohirssiens sont injustement séparés. Les nôtres sont arrachés à leurs familles : la mère doit quitter son enfant ; le père doit abandonner son fils ; l’épouse est exilée ; les frères sont séparés.

Et pour quelle raison ? Pour une sombre et invraisemblable histoire de malédiction auriculaire ?

Ne sommes-nous pas humains, comme vous ? Ne vivons-nous pas, ne mangeons-nous pas, n’aimons-nous pas, tout comme vous ?

Oui, c’est vrai, beaucoup d’entre nous ont de magnifiques mais inutiles oreilles. Est-ce donc un crime ? L’avons-nous décidé ? Non ! C’est la grande Oreille Cosmique qui a décidé cela pour nous.

Nous, nous avons appris à vivre avec cette particularité que vous nommez « handicap » « tare » ou « infirmité ». Nos autres sens se sont affinés pour pallier à ce manque qui nous vaut votre rejet, pire, votre haine. Nous avons créé notre propre langue, l’èlèssèf, qui nous permet de communiquer comme des humains et non comme des animaux comme vous vous plaisez à le croire.

Nous ne souffrons pas du manque d’audition, nous mourons de votre manque de respect.

Sur notre île, la vie est douce et nous vivons heureux, en harmonie. Notre vie ne tourne pas autour de nos oreilles mais de notre esprit et de notre cœur.

Notre but n’est pas d’avoir les plus belles, les plus parfaites oreilles mais de créer le plus beau, le plus parfait des mondes.

Un monde où chacun peut y vivre en paix. Un monde fait de tolérance, d’égalité, de fraternité, de liberté et de solidarité. Un monde où la différence n’est plus un malheur, une tare mais au contraire une richesse, une chance, un atout. »

Il se tourna vers la princesse et lui dit doucement :

- Chère Aimée, j’aurais tant voulu vous faire visiter mon monde, vous présenter les miens et vous apprendre que l’on peut être sourd ET heureux. »

Il tourna une dernière fois vers la foule maintenant silencieuse et annonça :

- Ce jour est le dernier de ma courte vie et mon seul regret est de n’avoir pas su comment faire pour que nos mondes se rejoignent et s’unissent. »

Sur ce, il s’agenouilla, posa sa tête sur le billot et planta son beau regard doux dans les yeux plein de larmes de son aimée.

 

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5 juillet 2010 1 05 /07 /juillet /2010 15:01

 

Les pages suivantes...à lire d'urgence !! Lol !!

 

 

« Jamais ! Jamais je ne ferai une chose pareille ! » Aurait-il voulu crier au roi mais coups de pied et coups de poing le plièrent en deux et l’obligèrent à une douloureuse immobilité.

- Que votre royale justice s’abatte sur sa tête ! » S’écria l’affreux Duc.

- Oui. Vous avez raison ! Que ma justice se fasse de suite ! Moi, roi de Bigirs, je déclare que ce forban sera immédiatement jeté dans un bateau en partance pour l’ile maudite de ces ancêtres. Ta jeunesse, jeune fou, te vaut mon indulgence. Mais ne t’avise pas de remettre ne serait-ce qu’un seul pied dans les limites de ce pays car seule la mort t’attendrait !  Duc, enlevez lui ce bâillon que je vérifie s’il a bien compris.»

Il s’exécuta de bien mauvaise grâce.

Ainsi libéré, le prince répondit :

- Votre Majesté, jamais, au grand jamais, je n’ai souhaité les troubles que j’ai malgré moi provoqué. J’aime votre fille d’un amour pur et sincère et désire plus que tout devenir son époux. Je ne vise ni votre trône, ni vos richesses, je n’ai d’yeux que pour Aimée.

Pour vous prouver ma bonne foi, je vous annonce que je suis le Prince de l’Île du Silence et n’ai aucun besoin d’un autre royaume que le mien. Je vous supplie de m’offrir la main de votre douce fille et vous jure de l’aimer, la respecter et la chérir jusqu’à mon dernier souffle. Je mettrai entre ses blanches mains mon royaume tout entier, toutes mes richesses et jusqu’à ma vie. Elle ne manquera jamais de rien, ni de biens, ni d’amour, ni de tendresse. »

Le roi Lobe n’était pas mauvais en soi, vous l’avez compris et le discours enflammé du jeune homme l’avait touché. Et s’il se trompait sur ce prince ? Pouvait-il croire en sa bonne mine ? Le doute s’insinuait dans son esprit.

Mime était un grand spécialiste des expressions faciales, aussi vit-il de suite que l’état d’esprit du roi avait changé. Il voulut pousser son avantage et déclara :

- Votre Seigneurie, je ne suis animé d’aucune mauvaise intention. Si vous le désirez, nous irons vivre loin d’ici, dans mon île… »

Voyant tous ses projets sur le point d’échouer, le jeune Duc Iropèn lui remit le bâillon à la hâte et le jeta à terre.

- Bien aimé Sire, ne laissez pas cette bouche mielleuse vous tromper. Sa voix est d’or, ses mots d’argent mais sa langue est perfide. Soyez sûr que son seul but est de passer sur votre corps sans vie afin de monter sur le trône de Bigirs. Epouser la princesse n’est qu’un moyen, des plus plaisants je vous le concède, pour parvenir à ses fins.

Et que souhaite-t’il faire ? Enlever votre fille chérie et la retenir prisonnière sur son île maudite ? Est-ce là ce que vous souhaitez pour elle ? Qu’elle parte loin de vous ? »

Mime secouait désespérément la tête, ses grands yeux suppliant le roi de ne pas croire pareilles accusations.

A l’idée d’être séparé de son enfant chérie, le bon roi Lobe oublia tous ses doutes.

- Gardes ! Emmenez le hors de ma vue, immédiatement ! L’exil a été jugé, qu’il soit effectué sur le champ ! Jetez cet intriguant hors de nos frontières !»

Le prince était anéanti par cette cruelle décision mais l’idée de ne plus jamais revoir sa bien-aimée lui donna la force nécessaire pour défaire ses liens et se jeter aux pieds du roi Lobe.

D’une main, il arracha son bâillon et s’écria :

- Sire, je vous en supplie… »

Il ne put finir car d’un coup de pied dans le dos, Auri le cloua au sol et le tint jusqu’à ce que les gardes le ficèlent et le bâillonnent à nouveau.

- Votre Majesté, n’est-ce pas la preuve que ce garçon est non seulement fou mais dangereux. A peine libéré de ses liens, il s’est jeté sur vous. Sans mon intervention, qu’aurait-il pu vous faire ? N’est ce pas là la preuve qu’il est prêt à tout pour parvenir à ses fins ? Le garder en vie vous met en danger, vous, notre douce reine et surtout notre bien aimée princesse. Si vous le bannissez, il reviendra tant l’ambition dévore son jeune cœur. N’est-il pas de votre devoir de protéger les vôtres, autant que vos sujets ? Je vous supplie de supprimer cette menace…

Décontenancé par ces mots, le roi Lobe ne savait plus où donner de la tête.

Que devait-il faire ? C’est ce qu’il demanda au jeune Iropèn.

- Je connais votre bon cœur et le respecte mais la sécurité de ses Majestés est plus importante que tout. Le seul moyen de garantir cette sécurité est…d’éliminer la menace ! »

Et oui, vous avez bien compris.

L’infâme professeur venait de conseiller au roi de faire exécuter le prince Mime. Mais le Roi Lobe était trop bon pour accepter pareille solution. Auri se lança alors dans un descriptif des plus pessimistes pour convaincre son roi.

Et à force de cajoleries et de viles manipulations, il obtint que le prince soit exécuté le lendemain à l’aube, sur la grande place du marché.

Un simple exil ne pouvait pas garantir la sécurité du royaume et de la royale famille ? Lui avait une solution. Une seule action le pouvait : la mort par décapitation !

Obnubilé par la rage et la peur qu’Auri avait patiemment distillée dans son cœur, le roi approuva et tous deux allèrent lancer les ordres pour que l’horrible cérémonie soit prête pour le lendemain.

Le pauvre prince Mime, anéanti, sans force et sans espoir, fut traîné jusqu’aux cachots royaux pour y attendre son exécution.

 

La reine Eustacha était dans tous ses états. Elle aussi savait écouter aux portes et ce qu’elle avait entendu lui avait brisé le cœur.

 

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4 juillet 2010 7 04 /07 /juillet /2010 20:27

 

C'est presque fini !! encore 7 pages pour connaître la fin...Patience !

 

 

Ce n’était pas un être foncièrement mauvais, du moins pas au début de sa vie…

Toute sa rancœur et sa haine lui venaient d’un évènement tragique survenu dans son enfance.

Alors qu’il n’était qu’un tout jeune enfant, il attrapa une otite douloureuse mais bénigne. Sa maman l’attrapa aussi et chez elle, elle dégénéra en une perte totale de son audition.

Malgré sa noble ascendance, le terrible roi Trompe appliqua la loi à la lettre et sépara la femme, privée de son ouïe, de sa famille et surtout de son fils préféré, le plus jeune, Auri.

Incapable de vivre loin de ses enfants et de son époux aimant, incapable de surmonter son chagrin, elle entra un jour dans la mer entourant l’île et se noya.

Dès lors, privé de l’amour de sa mère, sous les accusations de son père et de son frère qui ne lui laissaient jamais oublier l’horrible tragédie et la responsabilité qui était la sienne, la vie d’Auri devint un enfer.

A sa décharge, le Duc Iropèn ne se rendit jamais compte de la cruauté de ses actions. Sa douleur était telle qu’il éleva son fils cadet dans la haine, la rancœur et la culpabilité.

Dans son esprit de petit garçon, cette culpabilité le poussa à diriger sa haine vers ceux qui étaient, à ses yeux, responsables de tout ce gâchis : les Bigirssiens et surtout leur roi tout puissant.

A la mort de Trompe 3ème, il reporta donc tout naturellement sa rancœur et son besoin de vengeance sur le bon roi Lobe.

Au fil du temps, il conçut un plan visant à obtenir la confiance du roi, pour mieux le détruire.

Rien n’était trop vil pour parvenir à ses fins : chantages, menaces, manipulations, pots de vins. Son seul but était le malheur de ceux qu’il pensait responsable du sien.

Il utilisa sa formidable rage pour étudier et devenir très savant.

A la naissance de la princesse, il choisit de devenir professeur pour approcher la fillette.

Quelle ne fut pas sa joie de devenir son professeur particulier ?

Chaque jour, il ne manquait pas de faire payer la décision du roi Trompe à la délicieuse enfant, qui n’avait rien fait pour mériter pareil traitement.

Quelques années plus tard, lorsque la beauté de la jeune femme s’épanouit, il décida de l’épouser et de prendre le pouvoir des mains même du couple royal.

Faire d’une pierre deux coups en somme.

Il vécut tant d’années à évoluer dans l’ombre. Il mit tant d’énergie et tant de bassesses à concocter son plan machiavélique qu’il ne pouvait tolérer que le jeune prince anéantisse tous ses espoirs.

C’est pourquoi, il rejoignit le roi et sous prétexte de  l’aider, lui proposa de partir lui-même à la recherche de Mime. Il promit de le jeter, pieds et poings liés, aux pieds de son roi bien-aimé afin qu’il subisse la royale justice.

 

Conscient que tous les habitants de l’Île du Silence n’étaient pas sourds et que certains d’entre eux vivaient à Bigirs sous couverture, il alla en ville et utilisa l’èlèssèf qui avait apprise pour retrouver la trace du prince.

Il lui mit la main dessus avant même que ce dernier puisse entamer la traversée jusqu’à son île natale.

Ignorant les protestations du prince, il le fit ficeler comme un rôti pour le ramener, comme promis au roi Lobe.

Mime ne comprenait pas pourquoi cet homme le traitait ainsi.

A l’abri dans son île, parmi les siens, il n’avait jamais eu à affronter tant de rage et de mépris d’un autre être humain.

Il aurait pu refuser d’être enchaîné comme un criminel, se débattre, prendre les armes pour s’enfuir mais il était bon, foncièrement bon et ne doutait pas un instant que tout ceci n’était en fait qu’un énorme malentendu.

C’est pourquoi il accepta les mauvais traitements, persuadé que le roi Lobe finirait par comprendre qu’il ne souhaitait que le bonheur de sa fille.

A aucun moment, il ne songea au trône et à tous les avantages que pourraient lui valoir d’épouser la princesse Aimée. Ils étaient faits l’un pour l’autre ! Cela ne se voyait-il donc pas ?

Arrivé devant le roi, Auri Iropèn jubilait.

L’un de ses pires ennemis était pieds et poings liés, à ses pieds tandis que l’autre lui mangeait littéralement dans la main.

Afin que le jeune Prince ne puisse pas plaider sa cause et interférer dans ses manipulations mesquines, l’ancien professeur l’avait fait bâillonner.

Il put alors utiliser en toute quiétude son savoir-faire pour faire avaler ses odieux mensonges au roi.

- Sire, voici le soi-disant Prince qui a tenté d’usurpé votre trône ! »

A ces mots, Mime se tortilla comme un poisson hors de l’eau, essayant de défaire ses liens ou son bâillon, afin de dire la vérité.

D’un coup de pied vicieux dans les côtes, Auri le fit se tenir tranquille.

- Assurément Nohirs, ce jeune freluquet a osé fouler du pied notre bon royaume de Bigirs, contrevenant par là la plus importante de nos lois. Mais ce n’est pas tout ! Il a conçu un plan machiavélique pour vous renverser et prendre votre place, en charmant votre fille unique, la douce et innocente Princesse Aimée. »

Le jeune prince se débattit à nouveau et secoua vivement la tête. Un noir désespoir commençait à l’envahir.

 

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4 juillet 2010 7 04 /07 /juillet /2010 18:07

 

Et 2 pages de plus !

 

- Gardes ! » hurla-t-il « Que ce prince de pacotille, ce forban, ce criminel sans foi ni loi soit retrouvé et amené ici dans l’heure, pieds et poings liés ! Tu veux l’épouser ? Que nenni ma fille ! Il sera jugé comme il se doit pour avoir osé poser le pied dans MON royaume, bafouant les lois de notre pays et pour avoir osé mettre toutes ces absurdités dans ton esprit malheureusement limité. Ce minable vermisseau, ce pourceau, ce…»

Et il continua de plus belle, abreuvant le jeune homme absent de 1001 noms d’oiseau que je ne peux décemment relater ici.

 

Anéantie par la colère de son père, effrayée par le message de haine que son corps exprimait sans en comprendre l’origine, la princesse compris qu’elle avait mal agi sans savoir en quoi.

Alors, elle fit ce qu’elle faisait toujours, elle se jeta aux pieds de son père et le supplia de lui pardonner.

Pour toute réponse, le roi Lobe la regarda bien en face et articula exagérément :

- Jamais tu n’épouseras ce prince maudit ! »

Plus tendrement, il ajouta :

« Tu épouseras le fils du Duc Iropèn et tu oublieras bien vite ce malotru qui se croit prince et tente de te séduire pour accéder à mon trône. Car c’est là, la seule et véritable raison de son attirance pour toi, sois en sûre. »

Cette remarque, plus que tout autre, brisa le cœur de la princesse. Son cher Mime ne voit-il en elle que l’héritière du royaume de Bigirs ? Ne l’avait-il séduite que dans le but de satisfaire son ambition ?

Non ! Elle se refusait à croire pareille ignominie !

Elle s’était perdue dans son regard franc et n’y avait vu que tendresse et joie de vivre. Son âme avait vibré en suivant ses belles mains décrire la vie des Nohirs. Non ! Pour une fois, son père bien aimé se trompait. Elle en aurait mis sa jolie tête à couper. Un désespoir sans fond habitait son cœur et voilait ses grands yeux bleus.

 

Oh, ne croyez pas que le roi fut insensible à la peine de son enfant, loin de là !

Il était parfaitement conscient de la peine que ressentait son enfant mais avant d’être un père aimant, il était un roi responsable. Il se devait de protéger son héritière et son peuple des obscures machinations de cet ambitieux prince.

De plus, depuis sa plus tendre enfance on lui avait appris à détester la différence et par-dessus tout, la surdité.

Nul ne peut se débarrasser de son éducation aussi facilement, fut-il pour le bonheur des siens. Car c’est bien dans le but de faire le bonheur de sa fille qu’il lui assenait pareilles phrases. Il pensait agir pour le bien d’Aimée.

Oh, combien il se trompait !

Sur ces dures paroles, il quitta la chambre pour vaquer à ses royales occupations, Tentant de se persuader que sa fille se remettrait très vite de cet incident grâce aux préparatifs du mariage.

Les hommes sont parfois sourds et aveugles à tout ce qu’ils ne comprennent pas ou ne veulent pas comprendre. A Bigirs, comme partout ailleurs, il est bien connu que « Le pire sourd est celui qui ne veut pas entendre ».

 

De son côté, la reine Eustacha compris que la peine de sa fille chérie était immense mais sa peur de la voir exilée sur l’Île du Silence tant redoutée était plus forte encore.

C’est pourquoi, elle choisit, contre l’avis de son cœur, de prendre le parti de son époux et incita sa fille à oublier ses fous projets de mariage avec le prince Mime.

- Tu verras, Auri Iropèn n’est pas aussi terrible que tu te l’imagines. Avec le temps, tu apprendras à l’aimer et tu chériras la vie que nous t’avons choisie. »

En disant cela, elle se détesta de mentir ainsi et ni l’amour maternel, ni la peur de perdre son enfant ne l’excusa à ses yeux de lui faire pareille peine.

 

Incomprise et désespérée, Aimée se rua dans sa chambre et versa toutes les larmes de son corps, une fois encore.

Pourquoi ne pouvaient-ils comprendre que le prince Mime était celui qu’elle attendait ? Pourquoi ne pouvaient-ils oublier leur projet insensé d’unir sa vie avec ce monstre d’Iropèn ? Pourquoi sa surdité était à ce point importante, honteuse ?

Mime lui avait parlé de la vie sur son île et elle ne différait pas tant que ça de celle que les Bigirssiens avaient ici.

Elle réfléchit et chercha tous les arguments logiques qu’elle présenterait à ses parents s’ils continuaient à lui imposer un mariage qui la dégoutait. Ils se trompaient, elle en était certaine. Il fallait qu’elle trouve les mots pour le leur faire comprendre !

 

Pendant ce temps, l’infâme professeur avait eu vent de la rencontre nocturne des jeunes gens.

Il faut dire qu’il passait le plus clair de son temps à traîner dans les couloirs, à écouter aux portes et à surprendre les commérages des employés du château, bref à espionner tout un chacun.

« Je ne peux permettre à ce petit prince de rien du tout de me voler le trône ! » pensa t-il.

Car ce n’est pas par amour qu’il voulait épouser la princesse, l’amour lui était inconnu. Non, c’était par intérêt et par vengeance.

Il vouait aux Bigirssiens et à leur roi une haine féroce et ne vivait que pour se venger d’eux.

 

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4 juillet 2010 7 04 /07 /juillet /2010 12:37

 

Et que se passe t-il donc pour la princesse Aimée ? La suite...

 

 

Cette année-là, il avait enfin eu le droit d’aller à la foire mensuelle de Bigirs comme tous ceux de son clan.

Lorsque ses yeux s’étaient posés par hasard sur l’ovale parfait du visage de la princesse qui prenait le soleil au balcon, son cœur avait manqué plusieurs battements et lui fut ravi.

Dès lors, chaque occasion, chaque excuse était bonne pour se rendre sur la grande place de la capitale bigirssienne dans l’espoir de revoir la belle enfant.

Année après année, le jeune garçon, puis jeune homme, passa la moindre minute de ses loisirs à guetter l’apparition de sa belle.

D’année en année, l’amour qui le consumait devenait plus fort mais aussi plus désespéré car il savait que jamais le roi Lobe ne consentirait à lui donner la main de sa fille chérie.

Oh, riche il l’était assurément, bien né tout autant, en ligne directe d’une longue lignée royale mais il venait d’un autre monde, presque d’une autre planète !

Il venait d’un monde où le silence était roi.

Il était un Nohirs et il était le petit fils aimé de la reine Dèf, souveraine de la tristement célèbre Île du Silence.

Aucun moyen de transport, ni calèche, ni bateau ne pouvait réduire la distance qui séparait ces deux jeunes gens car elle était culturelle. Seul le changement de mentalité, l’ouverture d’esprit, la tolérance et le respect pourrait les réunir un jour. Oh, tolérants, ouverts d’esprit et respectueux, ils l’étaient tous deux mais pas les sociétés dans lesquelles ils vivaient.

Enfin pas dans le bon royaume de Bigirs où la pureté de la race et la traque de la moindre imperfection étaient les occupations favorites et encouragées par les lois !

Le Prince Mime de l’Île du Silence était à coup sûr le pire mari que le roi Lobe puisse imaginer pour sa tendre fille !

A cette idée, le désespoir étreignait le cœur de Mime.

Toutefois lorsque la princesse commença à parler, l’espoir se mit à grandir.

Sourde ? La princesse Aimée était sourde ?

Le prince n’en croyait pas ses oreilles !

Comment croire que cette délicieuse jeune femme qui s’exprimait si facilement, qui chantait comme un rossignol, qui dansait comme un ange puisse être sourde profonde ? Jamais il n’avait imaginé pareille chose et surtout pareil bonheur !

Car c’était un bonheur, une chance de pouvoir construire un avenir avec l’élue de son cœur.

Il entendait couler les mots de la bouche d’Aimée et imaginait sans mal les difficultés qu’elle avait connues, les doutes qu’elle nourrissait, la honte qu’elle ressentait. Ayant toujours vécu avec les sourds de Bigirs, il avait entendu leurs tristes histoires et partagé leurs larmes. Il se faisait une idée assez précise de la douleur qu’ils avaient du ressentir.

Il pouvait donc sans mal comprendre Aimée. Et son désir le plus cher était de lui prouver sa valeur, de lui donner confiance en elle et de lui exprimer toute la fierté qu’elle était en droit d’éprouver pour les prodiges dont elle était capable.

 

Au fur et à mesure que les confidences se succédaient, Mime décida d’enseigner sa langue maternelle, la « èlèsèf » à Aimée, de lui présenter sa famille et surtout sa bonne grand-mère Dèf. Ensemble, ils aplaniraient la route de la princesse jusqu’au bonheur.

Il était plein de joie et d’espoir.

Lorsqu’Aimée se tut, Mime prit le relais et lui parla des merveilles de son monde. Délaissant le langage parlé si pauvre en expression, en émotion, pour elle il signa les mots « amour » « belle » et « douce ».

Il mima ses aventures d’enfant et connut une joie sans limite à la voir sourire, puis rire et enfin applaudir.

Ils passèrent ainsi un moment magique, les yeux dans les yeux, échangeant avec leurs mains, avec leurs visages, leurs souvenirs et leurs rêves.

Lorsqu’une aube rose vint remplacer la nuit, l’heure de se séparer arriva.

La tête pleine d’images, la princesse semblait flotter sur un nuage.

La Grande Oreille Cosmique avait entendu ses supplications et lui avait envoyé une aide des plus précieuses.

Maintenant qu’elle avait rencontré le prince Mime, si semblable à celui qui hantait ses nuits, il lui était impossible d'épouser l’infâme professeur.

Elle parlerait à ses parents et comme son bonheur était plus important à leurs yeux que tout, ils lui donneraient leur bénédiction et elle pourrait épouser le prince de son cœur.

Sa vie serait enfin faite de rires, de bonheur et de gens qui la comprennent.

Persuadés de se revoir très vite, les jeunes gens se séparèrent sur un long et tendre baiser.

Ah que la jeunesse est naïve ! Que la jeunesse est pleine d’espoir !

Avec une impatience folle, Aimée attendit le réveil de ses royaux parents. Sitôt la reine levée, elle se précipita dans leur chambre et, encore sous le coup de l’émotion, leur raconta l’histoire de sa rencontre avec le charmant prince.

Fébrile, les yeux brillants, elle leur annonça son désir d’épouser le jeune homme au plus vite.

Elle était convaincue que son bonheur était le seul but de ses parents aimants et ne doutait pas une seule seconde de leur réponse.

Oh combien, elle se trompait ! Lorsqu’elle eut fini son récit, le roi Lobe, vert de rage, entra dans une colère plus noire que jamais.

Sa fille chérie, princesse de Bigirs, avec un vagabond de l’Île du Silence ? Jamais ! Qu’il soit prince ou même empereur, jamais de son vivant, il n’accepterait une telle union. Ses cris résonnaient avec force, ses bras faisaient des moulinets et une haine féroce brûlait dans son regard.

 

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4 juillet 2010 7 04 /07 /juillet /2010 12:28

 

Et 2 pages de plus...avec une rencontre...mais je ne dirai rien de plus...à vous de lire...

 

 

Son cœur tendre de mère souffrait de la peine de sa fille mais elle ne souhaitait que son bonheur et elle voulait croire à ce mariage, y croire de toutes ses forces.

Avant qu’Aimée puisse répondre qu’elle détestait l’idée d’épouse cet homme froid et terrifiant, son père se lança joyeusement dans la description détaillée de tous les avantages à une telle union. Il gesticulait et rayonnait de joie à l’idée d’avoir trouvé le mari idéal pour sa fille chérie et le gendre idéal que réclamait son cœur. Comme beaucoup de parents, il refusait de regarder la réalité en face, à savoir que sa fille ne pouvait pas être heureuse avec un tel homme. Mais, à ses yeux, rentrer dans les normes était la seule possibilité pour Aimée d’être acceptée, intégrée donc heureuse. Alors, il continua à se voiler la face, obstinément.

Comme je l’ai déjà dit, la princesse de Bigirs était une jeune fille très douce et très obéissante, dont le seul souci, la seule envie était le bonheur de ses parents chéris, même au détriment du sien.

Face à la joie et aux espoirs de son père, elle ne trouva pas le courage de lui briser le cœur en exprimant son refus, elle finit par hocher tristement la tête et articula un faible « Oui ».

A ce mot, le roi Lobe, fou de joie, se précipita hors de la chambre pour annoncer la bonne nouvelle au futur mari.

La reine, plus posée, prit sa fille dans ses bras et lui murmura tendrement :

«  Tu as fait le bon choix. Tout ceci te paraît plus sombre que ça ne l’ai en vérité. Avec le temps, tu apprendras à l’aimer… »

Sur quoi, elle l’embrassa sur le front et quitta la chambre à son tour.

 

Seule, la princesse réalisa ce qui venait d’arriver.

Elle avait dit « oui » alors que tout son être voulait dire « Non ! ». Elle avait rejeté le prince de ses rêves pour accepter d’épouser l’homme de ses cauchemars.

Une fois de plus, elle avait obéi à ses parents, mettant ses désirs, ses besoins de côté. Elle avait dit « oui » et elle trouvait cela injuste, si injuste !

Alors, elle se jeta dans son lit et étouffa ses pleurs dans son oreiller rose à plumes d’oie.

Elle pleura longtemps, si longtemps que la nuit était déjà presque tombée quand ses dernières larmes coulèrent.

« Je vais épouser un homme qui ne sait ni rire, ni s’amuser. Je vais passer ma vie avec un homme qui ne sait que critiquer et crier ! »

L’injustice d’un tel avenir lui broya le cœur et elle remit à pleurer des larmes qu’elle ne croyait plus pouvoir faire couler.

Elle refusa de rejoindre ses parents pour dîner et sanglota sur ses rêves brisés, sur son avenir sans joie et sur ses illusions perdues.

Alors qu’elle pleurait encore doucement, un petit « toc-toc » se fit entendre de la fenêtre entrouverte de sa chambre.

Bien sûr, elle n’avait pas entendu.

« Toc-toc » faisait le bruit sur la vitre.

Comme la princesse ne réagissait pas, le jeune homme (car c’était un jeune homme) poussa la vitre et entra dans la pièce.

- Excusez mon intrusion, Princesse Aimée, mais cela fait plusieurs heures que vos larmes me torturent et je ne puis rester plus longtemps insensible à votre peine sans intervenir. »

Pas de réponse. La princesse ne se retourna même pas.

Elle pleurait doucement, la tête enfouie dans son oreiller et n’avait pas vu le jeune homme.

Etonné par son manque total de réaction, il s’avança vers la lumière et son image se réfléta dans l’un des nombreux miroirs de la pièce.

Surprise par le courant d’air frais qui provenait de la fenêtre ouverte, la princesse se redressa et son regard croisa le reflet du jeune homme.

D’un bond, elle jaillit hors de son lit et lui fit face en disant :

-  Qui êtes-vous ? Que faites-vous chez moi ? Et que me voulez-vous ?

- Mes hommages, Princesse. Je m’appelle Mime. Ce sont vos larmes qui m’ont guidé jusqu’à vous et je ne souhaite qu’une chose, vous apporter mon soutien pour que jamais plus aucune larme ne vienne à couler sur vos joues délicates. »

Quel langage fleuri, digne d’un conte de fées !! Il faut dire que ce charmant Mime était un prince, lui aussi…

Le visage du jeune homme exprimait une telle tristesse, une telle compassion que la jeune fille en fut charmée.

Pour la toute 1ère fois de sa vie, Aimée se sentait en sécurité sous le regard doux et tendre de cet homme. Il se dégageait de lui une force, une douceur et une gentillesse qui lui avaient tant manqué toute sa vie.

Elle avait l’impression d’avoir trouvé l’autre moitié de son être solitaire.

Pour la tout 1ère fois, elle ne se sentait plus seule !

Ce sentiment était si fort, si inestimable qu’elle eut soudain envie de chanter, de danser, de parler.

Et en cet instant, elle sut que la vie lui avait donné un cadeau des plus précieux : un ami.

Un ami à qui confier tous ses secrets, toutes ses peines, tous ses espoirs et tous ses rêves.

Alors elle s’assit sur son lit de dentelles et parla.

Elle lui révéla son douloureux secret, parla de sa souffrance et vida sans honte son cœur meurtri.

 

Touché par cette marque de confiance sans prix, envoûté par tant de grâce et de douceur, l’âme du jeune Mime frissonna, chanta de plaisir et il se jura de tout faire pour rendre le sourire à cette princesse, si chère à son cœur.

Car il l’aimait en secret depuis longtemps.

La 1ère fois qu’il vit la princesse, c’était l’année de ses 12 ans.

 

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4 juillet 2010 7 04 /07 /juillet /2010 00:49

 

Je ne résiste pas à l'envie de vous faire plaisir...

 

 

D’un seul regard, il l’aimerait telle qu’elle était, la comprendrait et trouverait un moyen de lui parler autrement qu’avec tous ces sons bizarres qu’elle répétait inlassablement. Elle serait elle-même et elle serait heureuse.

 

Le jour de ses 18 ans, le roi Lobe décida qu’il était grand temps qu’elle se marie et se mit à la recherche du mari-gendre idéal.

Il devait être noble et riche mais par-dessus tout, il devait être tolérant pour accepter d’épouser une femme affublée d’une telle tare et de garder ce terrible secret.

Ce n’était guère facile car, s’il y avait bon nombre de jeunes gens bien nés et fortunés à la cour, peu d’entre eux auraient accepté d’épouser une Nohirs.

Quel déshonneur ! Quelle honte !

 

Le roi et la reine cherchèrent longtemps et durent écarter tous les prétendants.

Le problème trouva sa solution en la personne du percepteur d’Aimée, M. Iropèn.

Bien sûr, il n’était plus vraiment fringuant du haut de ses 37 ans bien tassés mais il était bien né et riche comme Crésus. Il était le fils cadet et unique du duc Iropèn mais surtout il avait prouvé qu’il était capable de garder un secret puisqu’il gardait le lourd secret royal depuis plus 15 ans.

Lorsqu’il demanda la main de la princesse Aimée, le roi Lobe sauta de joie et voulu sur le champ la lui donner mais une légère pression de son épouse sur le bras suffit à le calmer et il répondit :

« - C’est une très intéressante proposition que nous avons le devoir d’étudier avec soin, cher M. Iropèn. Nous vous donnerons notre réponse au plus tôt.»

Sur ce, Auri remercia sa majesté, s’inclina profondément et quitta la pièce.

 

Le roi se tourna vers sa femme et avant qu’il ait pu dire un mot, elle lui demanda :

« - Est-vous certain, mon bon ami, que nous ne puissions pas trouver un meilleur parti pour notre fille unique ? Ce gentilhomme est charmant, certes, mais un peu vieux pour elle et si…sinistrement sérieux !

- C’est exactement ce qu’il lui faut ! Un homme mûr sachant la guider et surtout capable de gérer les affaires du royaume à ma mort. N’oubliez pas que l’époux de notre chère Aimée est destiné à devenir le roi de notre beau pays. De plus, il garde notre honteux secret depuis le début ce qui tend à prouver qu’il est digne de confiance. Je vous gage, ma mie, qu’il n’y a pas meilleur parti dans tout le royaume de Bigirs ! »

Depuis 15 ans que cet homme enseignait son savoir à la princesse, la douce reine ne comptait plus les fois où la pauvre enfant était rentrée en pleurs de ses séances de classe.

Elle lui était certes reconnaissante des efforts qu’il avait fait mais elle savait en son cœur qu’il était froid, colérique et dominateur.

Elle pouvait sans mal imaginer combien la vie serait difficile pour sa petite fille chérie et désespérait de la voir heureuse un jour. Elle doutait que le professeur puisse comprendre et aimer la princesse comme elle le méritait.

Aussi, une fois de plus, la douce reine se dressa contre l’avis de son mari et proposa de parler de ces projets de mariage avec l’intéressée avant de prendre une trop hâtive décision.

A force de cajoleries et d’imparables arguments, elle obtint gain de cause et tous deux allèrent rejoindre leur fille.

Ignorant tout de cette houleuse discussion, Aimée savourait ses quelques minutes de liberté, allongée sur son lit, ses pensées dérivant vers le beau prince charmant de ses rêves.

Grâce à un habile jeu de miroirs, la jeune femme vit l’arrivée de ses parents et se leva prestement.

Le roi lui annonça alors :

«  - Ma chère fille, comme tu le sais, il grand temps de te marier. Nous avons eu une proposition qui mérite qu’on s’y arrête et ta mère a insisté pour que nous t’en parlions avant de donner notre réponse.

D’un délicat hochement de tête, la princesse les en remercia.

- Il s’agit d’un fils de notre Duc préféré. » reprit le roi «Et il a pour toi de tendres sentiments et souhaite t’épouser malgré ton…hum…ta particularité.

* J’en suis ravie, père. » répondit la jeune fille « Et qui est ce charmant gentilhomme ? »

Dans son esprit romantique de jeune fille, elle passait en revue tous les jeunes et beaux gens qu’elle apercevait de temps en temps à la Cour.

- Il s’agit de quelqu’un que tu connais très bien…

- Allons mon ami, ne la faites pas tant languir ! » plaisanta la reine.

- C’est vrai, vous avez raison. Il s’agit d’Auri Iropèn. » lança t’il fièrement.

A ces mots, toute couleur déserta le visage de la jeune fille.

«  Auri Iropèn ? » pensa la princesse « Cet affreux bonhomme qui me terrifie depuis toujours ? »

Voyant le désarroi décomposer le charmant visage de son enfant chérie, la reine ajouta :

- Oui Aimée. Ton professeur. Il est certes plus vieux que toi mais il connaît ta situation et promet de prendre soin de toi. Et un mari n’est pas un professeur. L’amour qu’il te porte nous semble sincère. Nous ne prendrons aucune décision sans connaître d’abord ton avis mais je crois que cette demande mérite que tu y réfléchisses. C’est certainement la meilleure solution. Qu’en penses-tu ma chérie ? »

Elle n’osa pas exprimer à haute voix les doutes qu’elle avait quant au bonheur possible du couple. Elle voyait les efforts que faisait Aimée pour cacher sa déception et retenir ses larmes.

 

 

 

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4 juillet 2010 7 04 /07 /juillet /2010 00:45

 

Bon comme ça a l'air de vous plaire...on continue ?? Allez 2 pages de plus...

 

 

Le lendemain, la reine Eustacha annonça à tous que la princesse était souffrante et devait garder la chambre plusieurs jours.

Une semaine plus tard, un jeune professeur d’à peine 20 ans, qui répondait au nom d'Auri Iropèn, se présenta au château.

Accoutumé aux enfants difficiles, il arrivait à point nommé et ses excellentes références avaient fait sensation auprès du roi.

Avec lui, Aimée commença une nouvelle vie (encore une !).

M. Iropèn était certes un tout jeune professeur mais il ne possédait pas la gaité typique de la jeunesse, bien au contraire !

Il était horriblement sinistre, affreusement strict et extrêmement colérique.

Pour la pauvre petite princesse, habituée à la douceur de sa maman, il était tout simplement terrifiant.

Quand elle prononçait mal un son ou se trompait d’une syllabe, le visage de son percepteur se crispait de rage et cela lui donnait une peur bleue.

Jour après jour, il lui enseignait le Bigirssien, les mathématiques, l’histoire et la géographie du pays avec méthode, froideur et cynisme.

En plus de ces fastidieuses leçons, Aimée devait travailler sa diction avec sa mère et la discipline avec son père.

Afin de paraître la plus « normale » possible, elle devait apprendre tant de choses et faire toujours plus de sacrifices !

Pas de jeux comme les autres enfants à la fin des cours !

Plus de rêveries dans le parc du château !

Plus de moment de détente dans sa chambre, à l’abri des regards !

Sa vie était une ronde d’obligations. Tout ça pour son plus grand bien…aux dires de ses parents.

Il y avait encore les leçons indispensables à toute princesse qui se respecte : maintien, civisme, danse, musique, chant et on attendait d’elle qu’elle excelle en tout. Déjà pour une enfant normale, cela représentait beaucoup de travail et d’efforts mais Aimée devait fournir deux fois plus pour obtenir le même résultat.

En plus, elle devait, à chaque instant, se contrôler afin que personne ne puisse soupçonner son inavouable secret, sa terrible infirmité.

Son père ne jouait plus avec elle et dans son regard, autrefois si bienveillant et si fier, elle ne voyait plus, à présent, que de la tristesse et de la honte.

A sa place, vous moi et tout enfant normalement constitué, aurait tout envoyé balader, avec force cris et fracas.

Mais Aimée était exceptionnelle de bonté et de douceur et l’idée même de déplaire à ses parents chéris ne l’effleurait pas. Elle plaçait le bonheur des siens bien au-dessus du sien propre et ne se plaignait jamais.

Lorsque le professeur Iropène était trop dur ou qu’elle voyait de la déception dans le regard de ses parents, elle attendait courageusement la fin du cours et allait ensuite pleurer tout son saoul sous la douche, où personne ne pouvait la voir, ni l’entendre.

Même la froide méchanceté de son percepteur n’arrivait pas à entamer sa légendaire bonne humeur.

Oh bien sûr, elle souffrait de son attitude mais elle avait appris qu’il avait perdu sa maman tout jeune enfant et elle compatissait au malheur du petit garçon sans amour maternel qu’il devait avoir été.

La princesse Aimée était un cœur pur et tendre, qui donnait son énergie, sa tendresse et son temps avec générosité. Son prénom lui allait parfaitement car elle été aimée de tous.

Même si ses parents lui demandaient de faire beaucoup d’efforts, elle ne se plaignait pas, certaine de l’amour tendre qu’ils lui portaient.

Ils faisaient tout leur possible pour la rendre heureuse. Est-ce de leur faute s’ils ne comprenaient ni les envies, ni les besoins de leur fille chérie ?

Personne n’était à même de les aider ou de les renseigner. Pour cela, il aurait fallu aller sur l’Île du Silence et rencontrer la sorcière Dèf. Et ça, c’était tout simplement inimaginable pour le grand roi Lobe.

La solitude devint sa pire amie, sa meilleure ennemie.

 

Les mois devinrent des années et la princesse Aimée grandit pour devenir une ravissante jeune femme, instruite et délicieuse.

Adorable danseuse, merveilleuse chanteuse, elle faisait la fierté de ses parents et charmait tout un chacun avec une désarmante facilité.

Tous semblaient heureux autour d’elle.

Tous, sauf elle !

Malgré tous les compliments et les attentions, la douce princesse se sentait seule, chaque jour plus seule, plus unique.

Elle se savait unique mais ce n’était pas un sentiment de fierté qui l’habitait. Oh non ! Elle savait qu’elle n’était pas comme tout le monde et elle en souffrait.

A la solitude vinrent s’ajouter la honte et la culpabilité.

Ses magnifiques et grandes oreilles faisaient d’elle la plus jolies des Bigirssiennes mais elles ne servaient à rien.

Elle n’entendait pas le chant des oiseaux, ni même sa voix qui charmait tant la Cour. Au contraire, ses oreilles inutiles l’éloignaient, chaque jour, un peu plus des autres et de leur monde. Elle ne se sentait nulle part chez elle.

Alors pour résister à la dépression, elle s’échappait dans ses songes de jeune fille. Elle rêvait d’un monde magique où elle n’aurait plus à faire semblant, où elle comprendrait les autres, où son handicap n’avait rien de honteux.

Dans ses rêves, elle imaginait qu’elle rencontrait des gens comme elle et surtout un prince, beau et fringuant.

 

 

 

 

 

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3 juillet 2010 6 03 /07 /juillet /2010 11:30

Et allez 2 autres pages dans la foulée..

 

 

Car le roi Lobe ne savait pas qu’elle était sourde, du moins pas officiellement.

Bien sûr, il le soupçonnait mais il ne voulait, à aucun prix, devoir se séparer de sa fille chérie.

Alors, il se voilait lâchement la face et applaudissait les progrès de sa princesse avec une fierté toute paternelle.

 

Le jour de ses 6 ans, Aimée fut autorisée à intégrer la grande école royale.

C’était un grand jour pour elle car elle allait enfin vivre dans le monde des autres et avoir des amis de son âge. Des amis autres que sa nourrice, les femmes de chambre et les petits animaux qui osaient entrer dans sa royale chambre.

Telle la petite princesse parfaite qu’elle devait être aux yeux de tous, elle savait maintenant parler, lire sur les lèvres, compter et répéter les nombreux mots que sa mère, la reine, lui avait patiemment appris.

Elle tremblait d’excitation à l’idée de rencontrer et jouer avec les autres enfants qu’elle ne faisait qu’apercevoir de loin en loi, dans les couloirs du palais.

Elle s’imaginait discutant avec ses nouvelles amies et riant des frasques des garçons. Hors des murs de la cage dorée qu’était sa chambre, la vraie vie lui tendait les bras.

Il y avait tant de choses à découvrir, elle avait tant de choses à partager !

Cela aurait du être une magnifique et radieuse journée…

 

Mais ce fut un désastre !

Tout d’abord, elle n’entendit pas la cloche sonner et elle arriva en retard.

Ensuite, sa royale maîtresse parlait vite et bougeait tant qu’elle avait du mal à lire sur ses lèvres.

Enfin, ses camarades de classe parlaient tous en même temps et la pressaient de questions, tant et si bien qu’elle ne put répondre à aucune.

Avant la fin de la matinée, elle était épuisée et désespérée.

Se sentant si différente et si seule, elle mangea à l’écart des autres, répondant à leurs questions, leurs critiques et leurs attentions par de pauvres sourires bien tristes.

Ses camarades la croyaient idiote et ne cessaient de chuchoter à l’abri de leurs mains en riant d’une façon qu’elle imaginait méchante. Ne comprenant pas un traître mot de ce qu’ils disaient, elle était persuadée qu’ils parlaient et souffrait terriblement de cette situation.

S’il vous est déjà arrivé d’être au milieu d’un groupe de personnes qui rient, savent pourquoi ils font et vous regardent en ricanant, alors vous savez que ce ressentait Aimée : elle se sentait « visée » comme on dit familièrement.

L’attitude de ses camarades l’excluait totalement et leur faisait prendre conscience que malgré tous ses efforts, tous ses sacrifices, elle était désespérément différente.

Différente et seule.

Car plus que tout, elle se sentait seule, terriblement seule, désespérément seule. Elle avait l’horrible impression d’être transparente, de ne pas exister réellement, d’être comme une image, inutile et abandonnée dans un coin.

Ce fut une véritable torture de rester jusqu’à la sonnerie et à peine le dernier cours fini, elle se rua dehors et fila dans les appartements royaux.

Elle se jeta dans les bras doux de sa maman et en pleurant toutes les larmes de son petit corps, elle lui raconta son horrible journée.

Apaisée par les tendres baisers de la reine, elle se reprit et demanda :

«  - Pourquoi maman ? Pourquoi ne puis-je comprendre ce qu’ils disent ? J’ai fait tout ce que tu m’as dit. J’ai travaillé dur et je ne les comprends pas. Ils bougent leurs lèvres et je ne sais pas ce qu’ils disent. Pourquoi maman ? »

 

La reine Eustache comprit alors que pour le bien de son enfant, pour que sa fille ait une place dans leur monde, elle devait lui expliquer sa différence, mettre un mot sur son handicap et tout lui raconter. C’est ce qu’elle fit.

Longuement, patiemment, elle lui expliqua ce qu’était la surdité.

Elle lui raconta l’histoire tragique de l’ancienne reine de Bigirs, la joyeuse Dèf. Elle lui apprit qu’il y a avait d’autres personnes comme elle, incapables d’entendre les sons et surtout elle lui expliqua comment ces pauvres gens étaient traités.

Plus que tout, elle insista pour que la princesse Aimée ne parle jamais de tout ceci à qui conque. Elle lui annonça que si son secret devait être découvert, son père le roi serait alors obligé de l’exiler très loin d’ici sur une affreuse île.

 

C’était un bien lourd secret à porter pour une si petite fille mais la reine Eustacha pensait sincèrement agir pour le bien de son enfant.

Elle souhaitait avant tout la protéger, à tout prix et refusait de se séparer de son unique enfant.

A sa décharge, je dois ajouter qu’elle ne savait absolument pas le mal qu’elle lui faisait et croyait l’amour et l’entrainement suffisant pour parvenir à ses fins.

Elle ne voulait pas que la reine Dèf vienne chercher sa fille chérie. Et toute cette pression, toutes ses craintes se reflétaient dans ses yeux fatigués.

Toujours très sensible aux émotions autour d’elle, Aimée sentit la détresse de sa mère adorée et décida de tout faire pour lui rendre le sourire.

Et cela devint le but de toute sa jeune vie.

Epuisée par tant d’émotions, Aimée s’endormie enfin et la reine Eustache en profita pour rejoindre son époux et tout lui avouer, afin d’obtenir son aide et son soutien pour cacher à tous le handicap de leur fille.

Tout d’abord, fidèle à lui-même, il cria, tempêta, menaça pour finir par accepter de retirer son Aimée chérie de l’école royale et la confier à un percepteur digne de confiance.

 

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3 juillet 2010 6 03 /07 /juillet /2010 11:02

Comme j'ai eu des réclamations en règle à cause de mon retard de publication de certaines d'entre vous...je continue...

 

 

Afin que personne ne puisse remarquer que les grandes et magnifiques oreilles de son enfant ne servaient à rien, la reine Eustacha décida de lui interdire, purement et simplement, les mimes et toute expression non orale. Cela peut sembler cruel mais elle pensait sincèrement avoir trouvé là le moyen d’obliger sa petite princesse à parler.

Parallèlement, elle commença à lui apprendre à lire sur les lèvres, à répéter les sons et les mots de sa langue maternelle.

Laborieusement, jour après jour, Aimée du apprendre et répéter les « aaaah » les « oooh » et les « iiih » de la langue bigirssienne.

La main posée sur la gorge de sa maman, la petite princesse sentait les vibrations que faisaient les sons et observait la position de la langue, des dents et de la bouche. Inlassablement, elle essayait de l’imiter.

Elle voulait tant faire plaisir à sa maman !

A chaque réussite, Eustacha, folle de joie, prenait son enfant dans ses bras, l’embrassait en riant et Dieu que c’était bon pour la petite fille !

A chaque échec, elle fronçait les sourcils et avait l’air si triste, si déçue que la petite Aimée redoublait d’effort pour y arriver, écorchant sa gorge et crispant les muscles de son visage.

La tendresse semblait être devenue comme une monnaie d’échange : une réussite, un bisou-câlin ; un échec, pas de bisou juste de la tristesse.

Finie l’époque heureuse des rires et des jeux !

Finies les chatouilles et les parties de cache-cache !

Aimée devait travailler sans relâche et dans son esprit d’enfant, elle comprit très vite que « c’est mal de mimer ». Parler était devenu LE moyen de rendre sa maman heureuse. De son côté, pour la reine Eustacha, la petite fille ne semblait plus être qu’une oreille tant elle était attentive à faire d’elle une personne « normale », une véritable Bigirssienne.

 

Ce n’est pas par cruauté que la reine agissait ainsi.

Elle n’avait qu’un seul désir : elle voulait à tout prix que son enfant ait une place dans leur monde pour que personne ne puisse les séparer.

Pour cela, il fallait à tout prix gommer sa différence, cacher son handicap, faire comme tout le monde. Alors, elle bridait son cœur tendre de mère qui l’incitait à être indulgente et demandait toujours plus d’effort à son enfant chérie.

Pour cela, il fallait qu’Aimée ait l’air d’utiliser ses grandes et magnifiques « feuilles de choux ».

Car dans le monde des Bigirs, comme dans le notre d’ailleurs, le sens le plus important était l’ouïe. C’était un sens inconscient, comme l’odorat, qui travaillait 24 heures sur 24 et les sons étaient à la base de toute communication, de tout échange et de toute compréhension du monde alentour.

 

Quand le corps se repose, les yeux sont fermés et ne voient plus, la bouche est close et ne goûte plus, les doigts et la peau sont immobiles et ne touchent plus.

Seuls l’odorat et l’ouïe restaient sans cesse actifs, en alerte pour détecter la moindre odeur ou le moindre bruit qui pourrait prévenir une situation dangereuse, comme un incendie ou l’attaque d’un ennemi.

Dès le 1er jour de sa vie, le bébé sentait et entendait le monde qui l’entourait et l’ouïe était culturellement plus développée que l’odorat.

L’enfant se construisait donc grâce à ce qui entendait d’abord, puis voyait.

Mais Aimée n’entendait pas.

Et dans le monde des Bigirs, elle n’avait pas le même fonctionnement que les autres. Alors qu’ils pensaient par son, elle pensait par image.

La différence n’était pas culturelle, elle était fondamentale !

 

Chaque jour, la petite princesse obligeait sa gorge à former des sons qu’elle n’entendait pas et n’entendrait jamais. Comme un joli perroquet savant, elle répétait jusqu’à l’écœurement des « ba » des « do » et des « si » pour le plus grand plaisir de sa douce maman.

Elle répétait mais se s’exprimait pas.

Il y avait tant de mots qui ne signifiaient rien pour elle.

Bien sûr, elle comprenait les mots que ses yeux pouvaient voir, que ses doigts pouvaient toucher, que ses narines pouvaient sentir et que sa bouche pouvait goûter.

Mais tous les mots qui impliquaient un bruit, un son, comme chant, cri ou musique lui étaient totalement étrangers. Malgré toute sa bonne volonté, elle n’arrivait pas à imaginer et à comprendre le sens profond qu’ils renfermaient.

Comme elle ne connaissait pas la « èlèsèf » et que le mime était interdit, elle n’avait aucun moyen d’exprimer quelque chose dont elle ne connaissait pas encore le mot comme douleur, peur ou ennui.

Alors, respectant l’interdit maternel de s’exprimer autrement qu’avec la parole, elle ne s’exprimait pas.

Elle en avait pourtant des choses à dire !

Des milliers de choses qu’elle voulait demander, exprimer et malgré ses efforts et ses progrès, cette langue étrangère, pleine de sons étranges, ne le lui permettait pas.

Quelle est la valeur des sons quand on pense par image ?

Si vous pouvez répondre à cette question, vous pouvez comprendre ce que vivait l’adorable enfant…

 

Pendant 3 ans, elle apprit à lire sur les lèvres, à répéter des mots sans queue ni tête pour elle, dans le seul but de cacher son handicap aux yeux de tous, même à ceux de son propre père, le roi.

 

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